Savez vous comment lavait on le linge autrefois ?

Aujourd’hui, laver son linge fait partie des tâches ménagères de tous les foyers. Si elle s’avère relativement simple, cela n’est que récent. Avant la commercialisation des machines et l’explosion de l’offre de produits lessiviels, la tâche était bien plus longue et fastidieuse. Mais comment faisait-on pour laver son linge autrefois ? Voilà un bref historique de l’évolution du lavage du linge.

une diversité des pratiques traditionnelles

L’entretien du linge n’est pas chose nouvelle : il date d’aussi loin que les humains portent des vêtements. Selon les cultures, ce besoin humain et universel pouvait être traité selon des méthodes différentes. Lorsque que les sociétés étaient peu évoluées, le linge se lavait directement à la rivière. C’est d’ailleurs encore le cas dans certaines régions du monde, moins développées. La tâche était majoritairement accomplie par les femmes

L’Empire Romain était très avancé en la matière : le linge était lavé par des « fullones« , des ouvriers qui traitaient le linge des habitants dans des établissements spécialement bâtis à cet effet. En Inde, c’est la caste des Dhobis à pris en charge la gestion et le lavage du linge : établis dans le « quai des laveurs », le « Dhobi Ghat », encore active aujourd’hui, des milliers de laveurs professionnels lavent le linge de leurs clients à la main, et la tradition perdure encore aujourd’hui !

Pour en revenir à nos sociétés, plus proches et contemporaines, il s’agit de savoir qu’au fur et à mesure, les cours d’eau ont été aménagés. L’objectif étant de rendre la corvée moins contraignante et plus efficace,  des lavoirs ont été construits au bord des rivières, et pour les cours où le niveau de l’eau était changeant, on a créé des bateaux lavoirs. Ce fût notamment le cas à Paris, le long de la Seine.  Pour les villes n’étant pas traversées par un cours d’eau, des lavoirs municipaux approvisionnés en eau ont été aménagés. 

 

Les buées

Pour laver son linge autrefois, il s’agissait de travailler en équipe, car ce n’était pas une mince affaire ! C’est ainsi que s’est développée la pratique de la « buée », ou de la « bue », termes qui évolueront pour donner le terme de « buanderie » ! Au cours des XVII et XIXe siècles, se distinguaient les grandes et les petites buées. 

Deux à trois fois par an, généralement au printemps ou en automne, quand le travail aux champs demandait moins de temps et d’énergie, on en profitait pour faire les grandes buées.  Le lavage de dizaines de draps, torchons, vêtements consistait en travail collectif, durant lequel les femmes se partageaient un grand chaudron de fonte. Cela durait trois jours ! L’influence du christianisme se pressent dans les noms qui ont été attribués à chacune de ces journées. A chaque jour son épreuve, allant du Purgatoire, en passant par l’Enfer pour terminer au Paradis.  

Jour 1 : le Purgatoire

Au premier jour, le purgatoire consistait à mettre à tremper le linge dans de l’eau froide. Les tissus étaient entassés les uns sur les autres dans une cuve et on les laissait tremper toute une nuit afin d’en retirer le maximum de crasses et saleté. Ils n’étaient pas bouillis, car la chaleur de l’eau risquait d’incruster et faire coaguler différents types de tâches. 

Jour 2 : l'Enfer

Le second jour, l’Enfer, tire son nom des vapeurs dégagées par l’eau de plus en plus bouillante que l’on versait sur le linge. On augmentait progressivement la température de l’eau lessivée que l’on ajoutait petit à petit dans la cuve, tout en touillant. 

Jour 3 : le Paradis

Le jour du paradis consistait en un battage du linge pour en éliminer un le plus de résidu de lessive que possible. On le rinçait à l’eau fraîche puis il était essoré et étendu.

Pour laver son linge autrefois, la lessive telle qu’on la connaît de nos jours n’existait pas. Pour parfaire le lavage, chacune avait ses secrets : on utilisait souvent des plantes telles que la saponaire pour faire mousser l’eau, ou bien encore de la cendre de bois, auxquelles on ajoutait des décoctions de plantes pour les odeurs. On pouvait également faire usage d’huile de coude, puis progressivement de savon de Marseille, de cristaux de soude, etc. 

Une pratique génératrice de liens

Concernant les petites buées, c’est-à-dire pour les petites lessives et vêtements du quotidien, les femmes effectuaient un passage hebdomadaire au lavoir. Elles y rinçaient le linge qu’elles avaient préalablement lavé à domicile, s’agenouillant à même le sol, moyennant des tas de pailles pour ne pas s’abimer les genoux. Une fois rincé à l’eau claire et battu, elles le transportaient à nouveau dans leurs foyers pour l’étendre. Les familles aisées déléguaient la tâche aux lavandières, qui en avaient fait leur profession et source de revenus

Ce travail fatigant et chronophage de laver son linge autrefois n’en était pas moins générateur de lien social, la buée était vu comme un temps d’échanges et de partage, c’était l’occasion pour les femmes de se retrouver et de discuter entre elles dans la confidence. Un dicton fameux dit même qu’au lavoir, « on lave le linge et on salit les gens ». Manière amusante d’illustrer la fonction sociale du lavoir comme lieu de bavardages et de rires. 

 

La progressive modernisation de l'entretien du linge et la démocratisation des pratiques

Certaines grandes maisons étaient équipées d’eau courante et donc le linge pouvait être lavé sur place, dans la buanderie.  Ce sont aussi dans les foyers les plus aisés que sont apparus les premiers lave-linges, entre la fin du XIXe et le début du XXe. Il s’agissait alors de cuviers en bois avec un batteur actionné par manivelle. Il existait aussi des lave-linges sous forme de cylindres en métal troués, également actionnés manuellement. On posait les baquets sur un poêle pour chauffer l’eau et on essorait le linge à la main.  Puis l’essoreuse à deux rouleaux a fait son apparition dans les pratiques.  

Au fur et à mesure, on a mécanisé les processus, les machines à rotation électrique ont été inventées au début du XXe. La première machine à laver électrique a été fabriquée aux États-Unis en 1908.  Le chauffage ne se faisait plus au bois mais au gaz, puis à l’électrique, se sont ajoutés des systèmes de canalisations pour l’arrivée d’eau et la vidange, etc. Les machines effectuaient l’essorage par centrifuge, puis il y a eu la création du sèche-linge, venu compléter l’automatisation du cycle de l’entretien du linge. 

L’équipement de masse des foyers a pris de l’ampleur à partir de la seconde moitié du XXe. Aujourd’hui, 97% des ménages français sont équipés d’une machine à laver. La tâche est devenue moins contraignante et, malgré ce que l’on peut penser, moins polluante, puisque les résidus de lessive ne sont plus versés à même les rivières.  

 

Et demain ?

Si la corvée n’est plus ce qu’elle était, elle demande toujours beaucoup de temps et d’énergie, denrées rares que les populations désormais actives et occupées préfèrent employer à des activités plus agréables ou rentables. Le métier des lavandières a évolué avec le temps, et leurs services ne sont plus seulement accessibles aux classes privilégiées ! C’est parce que laver son linge reste un besoin universel et inévitable, qu’il devrait conserver sa dimension sociale tout en s’émancipant de son aspect laborieux, que Laverie Privée a vu le jour ! 

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